Je reçois une convocation pour le
3 février à dix heures vingt (pétantes).
Je m’y rends. Arrivé cinq minutes à l’avance, on me prie de patienter sur le
canapé. Une minute après, une fille arrive. Nous attendons tous les deux dans un silence de plomb. Une des formatrices nous encourage bientôt à la suivre jusqu’à une salle. La fille et moi prenons
place autour d'une table. La femme nous distribue une feuille contenant trois questions :
-
Pourquoi voulez-vous devenir auxiliaire de
vie ?
-
Pourquoi cette formation ?
-
Vos points forts et vos points faibles
Ces questions sont là pour nous
aider à préparer notre entretien. La femme quitte la salle et referme la porte, nous replongeant l'autre candidate et moi dans un silence de mort. J’essaye de casser la glace avec la fille qui
est assise à côté. Je n’aime pas trop préparer ma présentation à l'avance et savoir quelles sont les questions qui vont m’être posées, je lui dis. Ça manque de spontanéité.
Elle ne pense pas, et replonge son pif dans la feuille encore immaculée qu'elle tient entre ses doigts.
Quand on nous appel, dix minutes
plus tard, on nous conduit jusqu’à une porte. Ici ce sera Monsieur. Je
rentre et trouve deux femmes qui m’enjoignent à m’assoir. Elles se présentent,
la première assurera une partie de la formation, la seconde recrute pour une
association d’aide à la personne. On me demande ensuite de me présenter. Je
sors mon baratin habituel : parcours atypique (j’aime
bien cette expression) ; expérience fort
enrichissante dans le domaine associatif ; gout très prononcer pour l'aide à la personne. Ensuite viennent les questions : Vous êtes un homme (bien observé !), avez-vous conscience que ça peut être un obstacle pour ce métier. Blablabla… l’évolution des mentalités... la parité homme-femme... Blablabla... Votre
niveau d’étude sera bien plus élevé que celui des autres élèves.
Blablabla-blablabla… Je saurai être un élément moteur pour le groupe. J'aiderai ceux qui seront en difficulté... Blablabla-blablabla... Je me défends tant bien que mal, mais au final je regrette de ne pas avoir trouvé LA réponse « édifiante » qui me distinguera des autres candidates. Un mauvais tour finit de me convaincre que je ne serai jamais pris
pour cette formation. Au moment où je m’apprête à partir, les deux bonnes femmes me demandent de remettre la
feuille avec les trois questions citées ci-dessus. Ce n’était pas dans le
contrat ça ! J’ai profité des questions pour tuer le temps en attendant qu'on vienne nous chercher. J'ai griffonné sur la feuille des
réponses plutôt absurdes du genre : Mes points faibles ? Je ne me connais
aucun point faible. Je n’ai que des axes d’amélioration.
Pour le reste, je ne
me souviens plus du tout de mes réponses, mais j’aurais très bien pu écrire que je
voulais devenir auxiliaire de vie par adoration pour les vieillards. Et à savoir pourquoi je souhaitais suivre cette formation en particulier, je me serais contenté de faire prévaloir qu’elle est entièrement financée par la région.
Je me retrouve dans la rue, plus
incertain que jamais concernant l’avenir qui m’attend. Le jury me promet une
réponse rapide, dans le courant de la semaine. Ne vous donnez pas cette peine
Mesdames, j’ai envie de leur dire.