mardi 25 février 2014

Épreuve orale

Je reçois une convocation pour le 3 février à  dix heures vingt (pétantes). Je m’y rends. Arrivé cinq minutes à l’avance, on me prie de patienter sur le canapé. Une minute après, une fille arrive. Nous attendons tous les deux dans un silence de plomb. Une des formatrices nous encourage bientôt à la suivre jusqu’à une salle. La fille et moi prenons place autour d'une table. La femme nous distribue une feuille contenant trois questions :
-          Pourquoi voulez-vous devenir auxiliaire de vie ?
-          Pourquoi cette formation ?
-          Vos points forts et vos points faibles
Ces questions sont là pour nous aider à préparer notre entretien. La femme quitte la salle et referme la porte, nous replongeant l'autre candidate et moi dans un silence de mort. J’essaye de casser la glace avec la fille qui est assise à côté. Je n’aime pas trop préparer ma présentation à l'avance et savoir quelles sont les questions qui vont m’être posées, je lui dis. Ça manque de spontanéité. Elle ne pense pas, et replonge son pif dans la feuille encore immaculée qu'elle tient entre ses doigts.
Quand on nous appel, dix minutes plus tard, on nous conduit jusqu’à une porte. Ici ce sera Monsieur. Je rentre et trouve deux femmes qui m’enjoignent à m’assoir. Elles se présentent, la première assurera une partie de la formation, la seconde recrute pour une association d’aide à la personne. On me demande ensuite de me présenter. Je sors mon baratin habituel : parcours atypique (j’aime bien cette expression) ; expérience fort enrichissante dans le domaine associatif ; gout très prononcer pour l'aide à la personne. Ensuite viennent les questions : Vous êtes un homme (bien observé !), avez-vous conscience que ça peut être un obstacle pour ce métier. Blablabla… l’évolution des mentalités... la parité homme-femme... Blablabla...  Votre niveau d’étude sera bien plus élevé que celui des autres élèves. Blablabla-blablabla… Je saurai être un élément moteur pour le groupe. J'aiderai ceux qui seront en difficulté... Blablabla-blablabla... Je me défends tant bien que mal, mais au final je regrette de ne pas avoir trouvé LA réponse « édifiante » qui me distinguera des autres candidates. Un mauvais tour finit de me convaincre que je ne serai jamais pris pour cette formation. Au moment où je m’apprête à partir, les deux  bonnes femmes me demandent de remettre la feuille avec les trois questions citées ci-dessus. Ce n’était pas dans le contrat ça ! J’ai profité des questions pour tuer le temps en attendant qu'on vienne nous chercher. J'ai griffonné sur la feuille des réponses plutôt absurdes du genre : Mes points faibles ? Je ne me connais aucun point faible. Je n’ai que des axes d’amélioration.
Pour le reste, je ne me souviens plus du tout de mes réponses, mais j’aurais très bien pu écrire que je voulais devenir auxiliaire de vie par adoration pour les vieillards. Et à savoir pourquoi je souhaitais suivre cette formation en particulier, je me serais contenté de faire prévaloir qu’elle est entièrement financée par la région.
Je me retrouve dans la rue, plus incertain que jamais concernant l’avenir qui m’attend. Le jury me promet une réponse rapide, dans le courant de la semaine. Ne vous donnez pas cette peine Mesdames, j’ai envie de leur dire.

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