La rentrée débute le 20 février
au centre de formation. En arrivant j’ai la bonne surprise de voir que l’autre
gars est présent lui aussi. Il s’appelle Fred. C’est un type de vingt-cinq ans
environ qui parle du bout des lèvres comme un éternel amoureux. Ce qui marque
aussi, ce sont ses lunettes de hipster qui, associées à son crâne rasé et son
minuscule nez, lui donnent l'allure d’un extra-terrestre. La fille qui était
avec moi le jour de l’épreuve orale est elle aussi présente. Dona. La peau
noire et toute en relief à cause de l’acné. Sur son visage, ça ressemble drôlement aux montagne russe. On est une douzaine en tout.
La première remarque que je me
fais durant cette journée, c’est que ça rappel vachement le collège :
fourniture scolaire, feuille avec son nom sur la table, élection des délégués
dans 4 semaines. La différence avec l’école, c’est que les enseignants fument
leurs clopes à côté élèves.
On rentre très vite dans le vif
du sujet en entamant le premier module : entretien du cadre de vie. Au
programme : connaitre les détergents à utiliser en fonction de la surface,
savoir utiliser un balai espagnol et bien mémoriser les consignes de sécurité.
Dans ma tête j’entends résonner cette terrible rengaine :
Julien, 31 ans, futur
femme de ménage
Au bout de quelques jours, les
personnalités se dévoilent. Fini le passage où tout le monde est timide, gentil
et content d’être dans une si formidable promotion. Très vite les premières
tensions se font ressentir. En revanche, je suis agréablement surpris de
découvrir que les autres candidats ne sont pas toutes des beaufs écervelées.
Sans perdre de temps, nous sommes
conviés à nous lancer dans les recherches de stage. J’ai déjà préparé les
lettres de motivation ainsi que les curricula vitae, il ne me reste plus qu’à
faire le tour des associations et des EHPAD (Etablissements d’Hébergement pour
les Personnes Âgées Dépendantes). Je m’arme de courage et je file de structure
en structure dans l’espoir de trouver un stage.
Le premier établissement dans
lequel je souhaite déposer ma candidature ne m’ouvre même pas la porte. Évincé
par un interphone. Dur, dur ! S’ensuivent des conversations plus navrantes
les unes que les autres, du type :
- Bonjour, je suis actuellement
en formation pour devenir auxiliaire de vie social, et je recherche une
structure pouvant m’accueillir en stage
- Pas chez nous (avec un air de dégoût dans
la voix)... Mais on emploi
- Très bien. Dès que j’aurai fini
ma formation je reviendrai vers vous
- On n’aura peut-être plus de besoin à ce moment-là (la femme semble être au bord du suicide)
- …, bien…, au revoir…
Je trouve finalement une maison
de retraite prête à m’accepter en stage pour la partie "actes essentiels de la
vie quotidienne" (aide à la toilette, prise des repas, aide aux déplacements). Une association peut me prendre dans la cadre du premier départ
en stage. Mais rien qu’en regardant la directrice faire, je sais que ça va être
un beau bordel ! Heureusement les autres périodes de stage s’effectueront dans la même structure que pour l’EMT.